Nathalie Oddos
Docteur en Pharmacie
Tabacologue
Publié le 08/02/2025
Nathalie Oddos
Docteur en Pharmacie
Tabacologue
Publié le 08/02/2025
Parmi les composantes de l’addiction : tolérance, impulsivité, compulsivité, conditionnement, renforcement, perte de contrôle … le “craving” est un symptôme majeur qu’il faut comprendre et prendre en charge.
Américanisme, le verbe “to crave” signifie “avoir terriblement besoin” ou “avoir très envie de”. Le “craving” est une manifestation connue de tout fumeur qui a déjà expérimenté l’arrêt et est, souvent, à l’origine de la reprise du tabac. Il est défini comme “un désir puissant et compulsif d’utiliser une substance psychoactive alors qu’on ne le veut pas à ce moment-là” selon la Classification Internationale des Maladies (11ème édition).
Le craving s’exprime donc par une envie, un besoin ou une pulsion irrésistible et irrépressible de consommer présentant un caractère obsessionnel ou compulsif.
Les obsessions sont des pensées répétitives ou ruminations associées au produit.
Les compulsions sont :
Cette envie fait souffrir le fumeur (égodystonique) et peut survenir à n’importe quel moment, dans des contextes où la substance est disponible ou non. Le craving peut être induit par des stimuli associés à l’usage de la substance comme par exemple “passer devant un bureau de tabac” ou “voir des collègues à la pause-cigarette” mais aussi par le stress et les émotions débordantes.
Le craving est très difficilement contrôlable. Cette pulsion peut persister des semaines voire des mois après l’arrêt du tabac et se distingue, en cela, du syndrôme de manque aigu survenant au moment du sevrage. Ce qui est observé en pratique clinique : l’intensité du craving augmente dans les premières semaines qui suivent le début du sevrage et, en revanche, elle diminue notablement à partir du troisième mois d’abstinence. La durée d’un épisode de craving peut atteindre 30 minutes.
Les chercheurs s’accordent à dire que :
Le craving est un puissant facteur prédictif d’une reprise de consommation. La réciproque est vraie : une réduction du craving peut produire une cascade de bénéfices réduisant in fine le risque de rechute.